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Néo-banque Morning : histoire d’un faux départ

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« Disrupter » le monde bancaire n’est visiblement pas si facile… La néo-banque toulousaine Morning (ex-Payname) – lancée en novembre 2016 alors qu’on l’attendait fin octobre – voit ses activités suspendues par l’ACPR. Concrètement, ça veut dire que les comptes des 75 000 clients de la néo-banque sont « gelés » jusqu’à régularisation. Comment Morning en est arrivé là ? Décryptages.

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Que reproche-t-on à Morning ?

Le 1er décembre, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) – aussi appelée « gendarme de la banque » – a suspendu les activités de Morning. En cause, le compte de cantonnement de la néo-banque – sur lequel est stocké l’ensemble des fonds détenus par les clients – qui aurait été nanti au profit de MasterCard. Du moins, une partie – 500 000 € – ont été bloqués pour « répondre aux obligations de garanties nécessaires pour le lancement des prochaines cartes de paiement Morning », nous dit La Tribune.

Autrement dit, au lieu de puiser dans ses fonds propres, Morning a préféré « prélever une somme de 500 000 euros sur le compte de cantonnement en septembre 2016 pour la verser sur un compte à terme nanti au profit d’un organisme tiers dans la perspective du lancement envisagé d’une nouvelle activité », selon l’ACPR.

Autrement dit encore – parce qu’on doute que ce soit clair – « Morning n’a pas utilisé l’argent de ses clients. Une somme a été nantie sur le compte de cantonnement (c’est-à-dire bloquée) », confie le fondateur de Morning Éric Charpentier à La Tribune.

Quoi qu’il en soit, l’ACPR a jugé cette garantie non-conforme. Ajouté à ça, l’ACPR a relevé une « insuffisance de cantonnement supplémentaire de 538 494 euros au 31 octobre 2016, venant s’ajouter à l’insuffisance résultant du prélèvement susvisé de 500 000 euros opéré en septembre 2016 sur le compte de cantonnement. » Conséquence : la trésorerie de la société était devenue négative au 17 novembre 2016, poursuit le gendarme financier.

Morning précise sur son blog : « Si vous avez un retrait/virement en attente, celui-ci a bien été pris en compte et sera reversé dès que la situation le permettra. »

Bras de fer avec la MAIF – l’actionnaire principal de Morning

Du coup, la MAIF – actionnaire principal de Morning à 38 % – semble faire machine arrière. L’assureur militant ne soutiendrait plus le projet mais ne se serait pas encore désengagé du capital.

En gros, la MAIF a besoin d’être rassurée et conditionne son soutien financier à l’entrée au capital d’un nouvel investisseur « solide ». Et tant qu’à choisir, la MAIF opterait volontiers pour « l’introduction d’une banque historique au capital ». Ce qui n’est pas du tout du goût d’Éric Charpentier qui y verrait – assez logiquement – une perte d’indépendance de la néo-banque.

Niveau communication, la MAIF confie au journal économique non sans langue de bois « la MAIF est totalement mobilisée pour tenter de trouver des solutions qui permettraient de surmonter les difficultés rencontrées par Morning et ce dans l’intérêt de ses clients et de ses salariés. […] Nous nous engageons, lorsque nous serons au terme de cette démarche, de nous mettre en situation de partager notre vision sur l’évolution de ce dossier. »

De son côté, Morning charge la MAIF : « Pour répondre aux besoins de l’ACPR, Morning a besoin de fonds supplémentaires et jusqu’alors, aucun accord n’a été trouvé avec son actionnaire principal. La situation est donc figée par un investisseur qui ne croit plus au projet (pourtant annoncé dès le début de la relation) et qui semble bien déterminé à couler l’entreprise. » Ambiance.

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Quelle suite pour Morning ?

Pour l’instant déjà, les salaires du mois de décembre ne pourront pas être versés, poursuit La Tribune. Morning avait prévu une levée de fonds de 15 millions d’€ avant la fin de l’année – impossible à réaliser sans le soutien de son principal actionnaire.

Désormais en mode survie, la néo-banque se veut rassurante : « Entouré d’experts et de ses partenaires les plus fiables, Morning met en œuvre toutes les dispositions envisageables pour régulariser sa situation auprès de l’ACPR, reprendre le cours normal de ses activités et sauvegarder son projet de néobanque, le projet d’une approche nouvelle et indépendante de la banque ».

billet de banque suit évidemment cette affaire et on vous tiendra au courant de toute évolution.

Jihane Bensouda

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