Les jeunes français des Tanguy bancaires ?
Depuis la sortie du film d’Étienne Chatiliez en 2001, le terme « Tanguy » sert à désigner les jeunes adultes tardant à quitter le domicile parental. Associé à la banque, il rend compte de l’extrême fidélité des jeunes adultes (16-29 ans) envers la banque de leurs parents. Cette adaptation de l’expression « Tanguy » provient d’une récente étude réalisée par le cabinet de conseil en stratégie et management sur les services financiers Exton Consulting. Entre attachement à la banque parentale et sollicitation commerciale « mesurée » des banques, l’étude nous en dit plus sur les attentes des jeunes vis-à-vis des banques. Focus.
En France, 90 % des jeunes ne sont clients que d’une seule banque
Il s’agit – nous dit l’étude – du taux le plus élevé parmi les 5 pays étudiés (France, Allemagne, Italie, Royaume-Uni, Espagne). En France, 90 % des jeunes sont mono-bancarisés – comprenez, clients d’une seule banque.
Le niveau de multibancarisation a « baissé de façon drastique depuis 2008 – poursuit l’étude – pour l’ensemble des classes d’âge, et a même été divisé par 2 pour les 16-20 ans ».
Sans surprise, l’unique banque des jeunes est la « banque principale de leurs parents » :
- 84 % des 16-20 ans ont conservé la banque parentale
- 71 % des 21-25 ans
- 61 % des 26-29 ans
Cet atavisme résisterait même au déménagement puisque 82 % des jeunes conserveraient la banque de leurs parents et 65 % leur agence suite à un déménagement. Il cesserait toutefois à 29 ans puisqu’à cet âge, plus d’un jeune sur 3 aurait changé de banque.
Des jeunes pas assez démarchés par les banques ?
Pour expliquer la fidélité des jeunes envers leur banque, l’étude met ainsi en avant l’attachement à la banque parentale mais pas que. Une autre raison serait à trouver dans une « sollicitation commerciale mesurée des banques ».
En d’autres termes, seuls 13 % des jeunes français seraient « régulièrement démarchés par des banques dont ils ne sont pas clients », contre 30 % des jeunes espagnols !
Dans leur communication sur leurs sites, la banques semblent pourtant très intéressées par cette clientèle. Pour s’en convaincre, il suffit de taper « offres des banques pour les jeunes » sur Google. Les résultats – et en particulier les annonces sponsorisées donc payantes – sont nombreuses, preuve que les banques tentent de séduire cette clientèle puisqu’elles ne rechignent pas à payer ces mots-clés.
Et en effet, qu’il s’agisse de :
- récompenser les jeunes ayant obtenu une mention au BAC en leur offrant des sous contre l’ouverture d’un compte
- proposer des offres de permis de conduire à 1 €/jour et offrir des sous aux jeunes conducteurs
- mettre en avant des prêts étudiants à des taux avantageux
- aider au financement d’études à l’étranger
- les exempter d’agios dans une certaine limite jusqu’à leurs 29 ans (BNP Paribas)
- leur offrir des réductions sur les packages bancaires
- leur permettre de disposer de CB spéciales jeunes à des tarifs compétitifs
- leur proposer des bons plans : places de ciné offertes la 1ère année…
Les banques traditionnelles se mettent généralement en 4 pour draguer les jeunes. Et elles ne sont d’ailleurs plus les seules… Si traditionnellement, les banques en ligne sont difficilement accessibles aux jeunes du fait des conditions de revenus à respecter, Boursorama Banque a décidé de s’ouvrir à cette clientèle.
Son offre Welcome sans condition de revenus est disponible depuis le 22 septembre 2016 et coûte 1,50 € par mois. Enfin, la banque mobile Soon by AXA Banque – conçue pour les jeunes – ne leur impose assez logiquement aucune condition de revenus.
La recherche du juste prix : l’attente principale des jeunes
Mais, face à ces offres dédiées, les jeunes français se montrent sceptiques – nous dit l’étude. Ainsi, plus de 60 % d’entre eux n’attend pas de « dispositifs ad hoc, quelle qu’en soit la forme (marque dédiée, site ou appli mobile spécifique, points de vente « jeunes ») ».
Parallèlement, les jeunes français trouvent la banque trop chère. Cette « spécificité française » consistant à avoir le sentiment d’une banque trop chère – poursuit l’étude – est encore plus sensible chez les 26-29 ans.
Partant de là, les jeunes français recherchent avant tout le « juste prix pour une offre simple, sans fioriture », conclut l’étude.
Et vous ? Avez-vous choisi la banque de papa-maman ou avez-vous volé de vos propres ailes ? Racontez-nous tout en laissant un commentaire juste sous l’article !